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L’information comme objectif


Enfin, cinquièmement, pourquoi est-ce plus particulièrement les informations que renferment les archives qui semblent être l’objectif de l’archiviste ?

Dans le contexte des années 1980, la réponse est pourtant évidente :

The challenge for archivists—as for our entire society—is to prepare for the increasingly rapid changes we will encounter in coming years. Already we have seen a major shift from an industrial society to an “information society,” as John Naisbitt argued in his 1982 best-seller, Megatrends. Information is now the United States’ major strategic resource. 1Ainsi, pour Couture, Ducharme et Rousseau, « l’archivistique apparaît aujourd’hui comme une discipline dont la raison d’être se situe au cœur de la gestion de l’information, ressource vitale de l’organisation. » . Compte tenu que « l’information constitue une denrée aussi vitale pour l’entreprise que les ressources humaines, matérielles et financières » , il est donc nécessaire de la gérer de « manière réfléchie et ordonnée ». Or, « c’est par le biais d’un programme en trois volets, axé sur la mission de l’organisme et intégré à sa politique en matière de gestion de l’information, que l’archivistique est en mesure d’apporter une contribution unique, étant, de par sa spécificité, à même d’agir efficacement sur son information organique » , c’est-à-dire ce qui « donne naissance aux archives de l’organisme. »

Encore une fois, 1982 semble être une année particulièrement déterminante dans les changements qui s’opèrent à l’époque.

Dans l’optique d’une société de l’information, « [A]rchivists must redirect their attention from the records or form of material to the uses of information, including potential uses. » 2« “Documents inactifs”… foutaises ! Les archives sont des documents très actifs, c’est-à-dire qu’ils le sont du point de vue de l’utilisateur. Et puisque les documents d’archives sont justement conservés dans le but d’être consultés, c’est ce point de vue de l’utilisateur que nous devons privilégier. » En effet, les utilisateurs accordent peu d’importance « about the form of the information they need to use or where they find it. What they want primarily is to find the information that will satisfy their questions, regardless of its form or source. » Aussi, le but des archivistes est-il de systématiquement « study the relationship between the use of information and the ways in which it is or can be provided; it is from this relationship that the value of records and the information they contain will be determined and archival practices defined. » 3« L’approche informationnelle est celle qui exploite au maximum les nouvelles possibilités de la technologie, en particulier l’informatique, les télécommunications et les moyens de reproduction. L’élément central de cette vision est l’information que le spécialiste recueille et analyse. »

L’importance attribuée à l’information et à son utilisation par les usagers et donc liée à l’émergence d’une nouvelle philosophie de gestion dans les organisations : l’approche orientée-usager. Pour certains, cette approche entraîne des changements fondamentaux dans le milieu archivistique. « Archives administration from the users’ point of view requires that archival programs be defended from the users’ point of view. » En d’autres termes, cela signifie que les archivistes doivent changer leurs priorités administratives. « They need to look systematically at the operation of archival repositories in order to find a way to give higher priority to the uses of archives. If use is the measure and justification of archives, then reference should be first, not last, in operational priorities. » Par contre, d’autres sont loin d’être convaincus de la pertinence d’une telle approche. « This reorientation itself mirrors the rhetoric, and approach, of market and customer analysis that the corporate world of Reaganite America championed throughout the decade. » Bref, « archives must not be turned into the McDonald’s of Information, where everything is carefully measured to meet every customer profile and every market demographic. » Toutefois, fait remarquer Barbara L. Craig, un archiviste comme Terry Cook « is uneasy with the exclusive concentration on access and public service, partly because the arguments are conducted in the language of consumerism borrowed from the business world; and partly because he fears that the unique character of archives will be glossed over, perhaps even lost, in joining the data parade along information avenue. »

Quoiqu’il en soit, l’intérêt des archivistes pour les aspects de l’information, de ses utilisations, des usagers et de leurs besoins rejoint une préoccupation récurrente de leur part quant à l’utilité des archives. En 1970, le verdict de l’archiviste français Yves Pérotin à cet égard était sévère : « en dépit d’incontestables progrès, de succès évidents, les archives et les archivistes sont, en même temps, l’objet d’un discrédit général qui va s’aggravant ou plutôt, disons le mot, d’un mépris croissant. » La raison, précisait-il, est simple : « Les archivistes et les archives n’intéressent pas la société d’aujourd’hui et, si l’on doit admettre que nous-mêmes et nos papiers n’avons que rarement excité l’enthousiasme dans le passé, force est de reconnaître que le mépris ambiant est pire que jamais. »

Face à un tel constat, l’on peut comprendre l’attrait représenté par le discours des tenants d’une approche orientée-usager en matière d’information. « The principle is a simple one: uncover a need and then fill it conveniently. » Car, chose certaine : « Il n’est pas de public qui ne s’intéresse vivement à un document si celui-ci est commenté d’une façon vivante, et rapproché des problèmes de l’actualité. » Dans son discours d’ouverture au congrès annuel de l’Association des archivistes canadiens en 1986, David B. Gracy II en était entièrement convaincu :

Is there a future in the use of archives? Absolutely. But that future is use in the ongoing present for solving problems of the ongoing present. The greatest service of archivists is contributing to the continuity of culture by stimulating connections between the useful information from the past and the challenging needs of the present. We do not keep “old,” meaning outdated, records. Rather, we maintain records from a former present which contain vintage information, timely and exciting to the user who connects it to the present in which he or she labours. We should acknowledge the real future in the use of archives by adopting a motto such as: “Archives: Records from the Past Working for the Present.”


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    Ainsi, pour Couture, Ducharme et Rousseau, « l’archivistique apparaît aujourd’hui comme une discipline dont la raison d’être se situe au cœur de la gestion de l’information, ressource vitale de l’organisation. » . Compte tenu que « l’information constitue une denrée aussi vitale pour l’entreprise que les ressources humaines, matérielles et financières » , il est donc nécessaire de la gérer de « manière réfléchie et ordonnée ». Or, « c’est par le biais d’un programme en trois volets, axé sur la mission de l’organisme et intégré à sa politique en matière de gestion de l’information, que l’archivistique est en mesure d’apporter une contribution unique, étant, de par sa spécificité, à même d’agir efficacement sur son information organique » , c’est-à-dire ce qui « donne naissance aux archives de l’organisme. »
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    « “Documents inactifs”… foutaises ! Les archives sont des documents très actifs, c’est-à-dire qu’ils le sont du point de vue de l’utilisateur. Et puisque les documents d’archives sont justement conservés dans le but d’être consultés, c’est ce point de vue de l’utilisateur que nous devons privilégier. »
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    « L’approche informationnelle est celle qui exploite au maximum les nouvelles possibilités de la technologie, en particulier l’informatique, les télécommunications et les moyens de reproduction. L’élément central de cette vision est l’information que le spécialiste recueille et analyse. »