« La politique et la poétique des archives »
Dans le cadre de sa conférence au congrès annuel de l’Association des archivistes du Québec (AAQ), en 1997, Jean-Pierre Wallot abordait également la question de « ce que [Joan] Schwartz appelle la politique et la poétique des archives1Voir la section « The Politics and Poetics of Diplomatics » .. » La politique des archives étant « les forces externes et internes à la profession qui ont défini les archives » et la poétique des archives se rapportant « au crédo des archivistes eux-mêmes, à leur discours, à ces processus en vertu desquels la nature et la fonction des archives se constituent ou se remodèlent par le biais des conventions sociales et des pratiques discursives. »
Même, disait-il, pour ceux, « dont je suis, qui estiment que l’archivistique est une science, on ne peut ignorer la remise en cause de la science “objective” que l’on assimile de plus en plus à un construit social et hautement politique. » D’une part, les archivistes doivent reconnaître, comme le déclare l’historien Jacques LeGoff, que « le document “n’est pas un matériau brut, objectif, innocent, mais [il] exprime le pouvoir de la société du passé sur la mémoire et sur l’avenir : le document est monument.” » (LeGoff, 1977, cité dans )2Il s’agit de l’ouvrage suivant : LeGoff, J. (1977). Histoire et mémoire. Paris, France : Gallimard. D’autre part, il leur faut réaliser que, « comme les archives qu’elles thésaurisent, les archives s’avèrent des lieux qui ont été institués délibérément dans le but de diffuser un message à un auditoire. »
Bref, Jean-Pierre Wallot invitait les archivistes à se
Montrer plus attentifs à l’histoire des documents et à celle des concepts archivistiques. Non que les archivistes doivent se métamorphoser en historiens. Mais comme toutes les professions, ils doivent éclairer leurs racines, leurs diversités, leur relativité, leur propre historicité active dans la construction des lieux de mémoire.
Autrement dit, « L’Archivistique doit procéder à une relecture de ses bases scientifiques afin de dégager un cadre théorique pouvant tenir compte de la nature relationnelle des archives. »
- 1Voir la section « The Politics and Poetics of Diplomatics » .
- 2Il s’agit de l’ouvrage suivant : LeGoff, J. (1977). Histoire et mémoire. Paris, France : Gallimard.