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L’exploitation : une approche à développer


Le projet de recherche « De la diffusion à l’exploitation : Changer le point de vue sur les archives » a pour objectif d’étudier les pratiques archivistiques liées à la diffusion des archives dans une perspective d’exploitation, c’est-à-dire à partir de la circulation des archives ayant fait l’objet de gestes archivistiques les rendant accessibles au public. Pour faire suite à notre présentation des résultats du premier volet dans le numéro précédent, nous présentons ici ceux du deuxième volet qui vise à enrichir la conception des archives à l’aune de l’exploitation.

Les Notes de recherche no2 : Chantier pour une archivistique depuis l’exploitationi se présentent sous la forme de textes plus ou moins fragmentaires relatifs à diverses thématiques constituant autant de points d’entrées pour envisager l’archivistique depuis l’exploitation. Elles reposent sur la collaboration entre professeurs et étudiants au doctorat (Simon Côté-Lapointe, Annaëlle Winand et William Yoakim) qui a constitué en l’ajout de remarques, de commentaires, d’arguments, de suggestions de lectures, d’exemples ou encore de thématiques. Ce deuxième volet a aussi pris appui sur l’exposition, « Conrad Poirier photoreporter (1912-1968) : Valoriser les biens communs du domaine public », présentée au Carrefour des arts et des sciences de l’Université de Montréal du 24 janvier au 31 mars 2019 par Lëa-Kim Châteauneuf, Marie Martel et Danielle Noiseux pour souligner l’entrée dans le domaine public de l’œuvre du photographe montréalais. Quelques-unes de ces photographies ainsi que des œuvres produites par Simon Côté-Lapointe à partir de celles-ci ont été insérées sans description de manière à créer les conditions qui permettront aux photographies de faire image à nouveau, de rendre tangible l’exploitation des archives.

Ce deuxième volet était l’occasion d’un retour sur les réflexions menées depuis une dizaine d’années autour de l’exploitation des archives. Partant de l’idée que les archives sont créées et conservées pour des besoins spécifiques mais qu’elles sont aussi mises en œuvre dans le cadre de pratiques impensées par l’archivistique telles que les loisirs ou l’art, les travaux sur l’exploitation des archives proposent que l’on peut comprendre ce que sont les archives en étudiant leurs conditions d’existence dans l’espace social. En reprenant les idées développées par l’un ou l’autre des professeurs et étudiants impliqués dans le projet, plusieurs éléments et thématiques surgissent qui constituent autant de voies à explorer pour poursuivre la réflexion.

Le premier constat est que les archives sont tributaires d’un discours archivistique qui les conçoit selon une structure en gigogne et qui cherche à les rapporter à un « point zéro » (la création et l’enregistrement des documents) plus ou moins fantasmé selon le contexte. Dans le même ordre d’idées, il apparaît qu’elles se déploient selon trois temps (administratif, archivistique et de l’archive) et la notion d’authenticité devient l’objet de questionnement quant à son lien avec l’origine des documents. Une autre voie ouverte est celle qui considère la constitution des archives comme opération assimilable au montage dans la mesure où elle relève de la reconfiguration d’un ensemble documentaire dans un nouveau contexte. Ceci permet de rapprocher les archives de la notion de collection et conduit aux archives communautaires telles qu’elles sont constituées dans le monde anglophone et au militantisme (activism) comme nouvelle approche archivistique fondée sur l’interdisciplinarité comprise comme étant le propre des archives. Finalement, la mise en lumière des archives comme imaginaire rejoint l’idée d’une dimension inarchivable logée au cœur même des archives.

L’autre forme de point d’entrée pour mener la réflexion relative à l’exploitation est l’établissement d’un glossaire qui propose une nouvelle terminologie ou une révision des définitions archivistiques courantes. Il rend compte des déplacements opérés lorsque l’on envisage l’archivistique à partir de l’exploitation et offre finalement une vue d’ensemble de cette approche. (4110 car.)

i Les notes sont disponibles dans Papyrus, le dépôt institutionnel de l’Université de Montréal à l’adresse suivante : http://hdl.handle.net/1866/22701